En premier lieu, saluons l’initiative d’avoir placé une série française avec un personnage trans en prime time à la télé. Encore faudrait il que ce soit bien fait pour contribuer à la « bonne éducation » du téléspectateur…
Désolé, mais pour moi, cette fois, c’est plutôt raté…
   Déjà, faire un petit effort pour trouver une actrice trans aurait été « sympa »… Il paraît qu’ils ont cherché mais… mais pas trouvé… ce sera pour la prochaine fois…
Un générique avec escarpins roses sur fond bleu (Ô secours la « Manif pour tous » revient !!! )…car on va bien sûr parler de Genre…on s’attend au pire pour la suite du film au royaume des clichés ! Qui plus est, quand on apprend par article de presse que des trans ont conseillé les scénaristes alors on peut s’interroger,… voire halluciner…
Dés le début, l’apparition de Louise pose problème. Son ex-femme, qui ne l’a pas vue depuis 7 ans, et donc ne l’a jamais vue en femme la reconnaît au premier regard avec cette remarque dans leurs premiers dialogues : « Tu as donc été jusqu’au bout. » (Un « jusqu’au bout » qui est l’opération génitale… bien entendu..). Ah bon, parce que si elle n’avait pas été « jusqu’au bout » elle n’aurait pas eu le droit de se dire femme !!?? Mais, chers scénaristes, sachez que toutes les personnes trans ne vont pas jusqu’aux opérations génitales par souhait, par manque de chirurgiens compétents, par manque de moyens financiers ou pour toute autre raison personnelle et, n’en sont pas moins femmes, moins hommes,. !
Vouloir pratiquer l’humour sur un tel sujet exige une certaine finesse que visiblement certaines personnes n’ont pas…  Alors, supposer en faire en parlant des cadeaux reçus par Sam (le fils de Louise) «  Le père Noël a de gros nichons ! » c’est affligeant !… mais au moins, on voit bien qu’on n’est pas sur Arte…
Poursuivons…
Mais pourquoi donc en avoir rajouté dans l’hyper-féminité de Louise, dans ses vêtements, dans sa démarche,… Etait-ce vraiment si nécessaire ??? Même si exagérer sur son hyper-féminité, sur son hyper- masculinité rassure parfois sur leur genre certains trans surtout en début de parcours. Sauf que la plupart des téléspectateurs ne vont pas comprendre cette subtilité de parcours et le risque est que leur cerveau ne voit dans Louise qu’une caricature de femme voire même…un travelo !
Que la foire aux clichés continue…
Montrer les conséquences possibles de la transphobie environnante (ici un tabassage sauvage) et la tentative de dépôt de plainte qui suit est une initiative louable. Mais, pourquoi en rajouter dans l’hystérie lorsque Louise explique sa situation à l’agent au poste d’accueil du commissariat ? Le plus souvent quand une personne trans ira porter plainte, si elle l’ose, elle demandera sans doute à être reçue dans un bureau à l’écart afin de pouvoir s’expliquer de façon discrète à l’abri des regards… en espérant être entendue, respectée et pouvoir parier sur l’intelligence, sur l’ouverture d’esprit de celui ou celle qui la reçoit…
Et comment expliquer le choix de personnages noirs pour incarner les rares personnes les plus bienveillantes à l’égard de Louise ?? … Comme s’il fallait aussi faire partie d’une minorité susceptible de discrimination pour être apte à l’ouverture d’esprit envers autrui, envers les personnes trans. Alors quand l’une d’elle est trans et noire c’est le bouquet ! Il faut applaudir…?
Vraiment pas sûr que tout cela contribue à ouvrir les esprits de ceux qui partaient avec des a priori négatifs sur la transidentité avant le générique.
Gentille aussi la relation entre Louise et son fils Sam, pleine de tendresse et sans a priori, mais le coup du gamin qui a tout compris de la transidentité  de son père d’un coup de baguette magique façon Mimie Mathy c’est tout de même un peu trop beau pour être réaliste (même si les enfants sont souvent les plus à même pour accepter, capter, comprendre sans juger la transidentité…si les adultes ne s’en mêlent pas). Les relations entre louise et ses enfants auraient pu mériter un peu plus de développement, de subtilité et surtout, pas la peine de tout gâcher en ajoutant cette réflexion sexiste dans la bouche de Sam : « Une fille ne pouvait pas jouer au basket comme ça ! » après que sa mère lui ait révélé la transidentité de son père.
Vraiment, une telle accumulation de situations très limites ne peuvent que donner du grain à moudre à la transphobie déjà bien présente dans de trop nombreux cerveaux et, en aucun cas contribuer au désir de s’ouvrir sur ce sujet.
Faire évoluer l’histoire sur 4 ou 6 épisodes au lieu de 2 aurait vraiment été intéressant pour pouvoir voir évoluer dans la durée le personnage de Louise dans ses relations familiales, sociales et ne pas subir cette suite de clichés en accéléré. Il aurait aussi été intéressant de développer certaines relations entre les personnages et rendre ainsi les situations plus plausibles, plus crédibles et créer du lien entres les situations.
   Mais  la musique et, en particulier, le choix de la chanson « La rumeur » chantée par Amanda Lear pour ponctuer certains moment de la série m’a bien amusé ! Quand on sait que la rumeur de sa transidentité l’a poursuivie, la poursuit et la poursuivra toujours, c’était la chanson qu’il fallait avec tout l’humour et la subtilité nécessaire !
Bref, si l’idée de départ était belle, elle demande à être poursuivie dans de futurs épisodes mais il faudra y apporter beaucoup, beaucoup d’améliorations…Ne désespérons pas et attendons avec impatience les prochains épisodesmais garder « la rumeur »  !

Téo

[…] La rumeur ne m’atteint pas
Car mon cœur ne l’entend pas
Les bêtises de toutes sortes
Sont priées de rester à ma porte

Elle vient d’un autre monde
Ou d’une autre planète
Elle est brune, elle est blonde
N’a jamais la même tête
D’ailleurs apparemment
Elle a tout changé
Car il y a trente ans
Elle était un pygmée »

La rumeur ne m’atteint pas
Car mon cœur ne l’entend pas
Les bêtises de toute espèce
Sont priées d’être tenues en laisse […]

Chanson écrite par Alexis Michalak et interprétée par Amanda Lear