Un beau moment de vie

L’idée de Jacqueline, et l’énergie mise dans sa réalisation aidée de Pierre-Hugues, de proposer à différents ami(es) artistes, DJistes ou non, d’exposer leurs œuvres chez elle, fut séduisante et attrayante.
Quelle belle respiration d’air chaud en plein hiver !
Ce fut beaucoup plus intense en humanité que ce que l’on voit habituellement lors de vernissages, souvent superficiels et surfaits il faut l’avouer.
Ce qui s’est dégagé de moi ce jour-là fut plus profond encore que l’admiration des œuvres elles-mêmes. Ce fut cette sensation surprenante de la présence créative des êtres et pas seulement de ceux ou celles qui exposaient.
A voir, écouter, toucher, presque sentir les perles de créativités, ces pièces uniques : Ikebana, photo, peinture, sculpture, poème, musique, boiserie,… permettait de laisser surgir en tous, leur facette créatrice, celle que nous possédons tous. D’autres auraient pu partager leur art particulier et différent : l’art du chant, du théâtre, l’art des instruments de musique…
« L’atmosphère d’art » était palpable, au-delà des créations elles-mêmes.
J’ai retrouvé avec étonnement, des amis que j’ai connus lors de réunions de travail dans une association d’Eglise. Je ne connaissais d’eux que leur facette « intellectuelle » théologique, analytique, observatrice. Nous ne savions ni les uns ni les autres que nous étions peintres ou poètes « en dehors ».
Ces amis du travail difficile et mental, ils écrivent l’amour, la joie, la beauté ! Là, on était dans un tout autre registre que la réflexion et l’analyse.
Quelle aération ! Quelle découverte !
Pour moi-même, en faisant jaillir cette part inconnue de mon potentiel peinture, j’ai pu découvrir ces instants de « non-pensée ».
Mon professeur a un livre qui s’intitule : « Peindre avec mon cerveau droit ». Ce cerveau de l’intuition, de la créativité, de l’émotionnel, du ressenti, de la relation, là où nous éprouvons les choses et les êtres plutôt que les « penser ».
La « non-pensée », c’est donc cela : laisser le cerveau gauche en latence, en sourdine, lui qui est le maître de la logique, de l’analyse, de la compréhension, de la capacité à se questionner et à anticiper.
Nos deux cerveaux, celui qui calcule et maîtrise et celui qui ressent et créé, sont bien sûr en interaction permanente.
Ces quelques heures chez Jacqueline, à ainsi voir, entendre, ressentir ce qui était là, c’était presque « respirer ce qui sort de l’autre ». Ce souffle que l’autre a laissé jaillir, et réciproquement celui qui regarde laisse émerger sa part à lui.
Alors oui, j’ai savouré ces moments de vie, où rencontrer l’autre par l’intermédiaire de ses talents communs et mutuels, c’est éprouver l’autre, le ressentir. C’est au niveau du cœur.
C’est un autre registre que le travail de réflexion, de compréhension, de thème et de sujet aussi profonds soient-ils. Et aussi respectueux que soient les échanges, nous sommes là dans le « je pense » du cerveau gauche et toute sa panoplie de « je sais », « je convainc », « j’interprète », « je projette », « je traduis », « j’ai raison », « je juge ».
La joie d’être en lien par l’art, pour l’art, c’est cette légèreté, cette communion du « ressentir », où il n’y a rien, ni à penser, ni à analyser ! (Le siège de l’intelligence, pour la bible, est le cœur. On l’oublie en Occident où le cerveau est réduit au quotient intellectuel).
Oh que je rêve de contacts humains où nous serions, comme pendant ces deux jours hors du temps, à parler à l’autre avec notre « cerveau droit », en mode « cœur », avec notre quotient émotionnel plutôt qu’avec notre quotient intellectuel.
Quitter les « je pense que » qui se traduisent si souvent par « je pense à ta place », pour parler en « je ressens que » là où il est impossible de dire ou d’entendre « je ne suis pas d’accord avec ce que tu ressens » !
L’ordinateur n’aide pas à cela ! Et si nous nous écrivions des cartes postales ?
Oui, l’art nous apprend à cela, et, ce week-end-là, je l’ai ressenti jusqu’au plus profond de mon âme et je me suis sentie très bien.

De tout cœur, Merci Jacqueline.

Sophie