Comment naissent les arc-en-ciel

Tout le monde sait comment naissent les arc-en-ciel… Il faut de la vraie lumière, et un prisme pour en révéler toutes les couleurs. Les ingrédients étaient réunis samedi 9 juin.
Contente d’être là, au cœur du village associatif installé place de Bretagne, je regardais le monde arriver. J’échangeais un mot avec mes camarades non sans jeter de sceptiques coups d’œil au ciel : allait-il être avec nous ?
Aux premières gouttes, je me suis dit : ça y est, il fallait s’en douter, il nous lâche ! Une vague de nuages poussés par le vent à couvert le ciel. Nous nous serrions de bon gré sous une petite toile tendue. Je croisais les regards dubitatifs et amusés d’inconnu-e-s alors que le tonnerre grondait. Et dans les sourires joyeux que nous nous adressions, on lisait clairement que la pluie (maintenant battante) n’était pas à la hauteur de notre détermination ! On en essuie d’autres, à Nantes et ailleurs !
C’est ce que nous rappelle la voix dans le micro. Du fond de mon abris, je ne parviens pas à voir qui parle. Je n’en suis que plus attentive : capter tout ce que je peux de ses mots, de son message. Le vent redouble, la voix reste claire. Pas de place pour le renoncement : nous sommes tous là. La voix se réjouit car nous restons debout, nos mille visages, nos couleurs brillantes, le parapluie dans une main et le poing levé dans l’autre ! Quand le déluge interrompt quelques secondes le discours, la foule crie ses encouragements et son approbation de plus belle, de toute sa force !
Pour moi, un vrai moment d’unité et l’apaisement de se sentir multiples, minorités peut-être mais nombreuses et nombreux à marcher dans le même sens.
Et le ciel se laissera gagner par notre enthousiasme, couronnant cette journée d’une superbe éclaircie qui réchauffe la peau, le cœur, et redonne (si besoin était) de belles couleurs pour les longues heures jusqu’à la prochaine saison !

Camille

Nantes en vigilance arc-en-ciel

Samedi après-midi, Nantes avait été placé en vigilance orange sur les cartes météo ; orages et fortes pluies à l’horizon… En effet, à mesure que la foule des fiers marcheuses et marcheurs (et autres genres intermédiaires;) ) se rassemblaient sur la place Bretagne, de sombres cumulo-nimbus s’amassaient au-dessus d’eux dans le ciel nantais. Après une inédite Marche des Fiertés brestoise sur l’eau, allait-on voir la marche nantaise tomber à l’eau ?!…
Les premières gouttes de pluie tombèrent sur les premiers mots des discours officiels jusqu’à former des trombes d’eau obligeant les parures arc-en-ciel à trouver refuge sous les tables et toiles de tentes environnantes. C’est à ce moment précis que nous eûmes une pensée émue pour les majestueux parapluies arc-en-ciel de DJ ! Je dis « nous » car j’avais enfin réussi à retrouver dans la foule la pincée de déjistes bien décidés à marcher… avant que l’averse ne dirige plusieurs d’entres eux vers le café voisin.
Imperturbables, imperméables, les chars commencèrent à faire rugir moteurs et sonos. Bien décidés à braver les intempéries, marcheuses et marcheurs s’élancèrent à leur suite sous les hallebardes persistantes. Il fallut plusieurs minutes pour que les prières aux cieux des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence soient exaucées et que l’astre solaire daigne enfin réapparaître fièrement dans l’azur. Il était écrit que, en ce 9 juin 2018, dans les rues de Nantes, même le colère des cieux n’arriverait pas à arrêter la Marche des Fiertés !
Malgré le cocktail pluie-soleil aucun arc-en-ciel ne sera aperçu. Dommage, ça aurait été tellement classe et symbolique !…. Pour ne rien vous cacher, l’arc s’en était allé se pauser sur les marches de l’escalier au pied de la Tour de Bretagne.
Aux premiers pas de la marche, je fus heureux de constater que, cette année, les drapeaux trans rivalisaient en nombre avec les drapeaux arc-en-ciel. Comme aux dernières Jar, comme à DJ, ici, les choses commenceraient-elles à évoluer positivement sur ce sujet ?… D’ailleurs, trans et intersexes eurent les honneurs d’ouvrir le défilé.
L’après-midi durant, toujours pas assez téméraire pour marcher dans le flot (parsemé d’élèves ici ou là de l’établissement où je travaille…) j’ai parcouru d’aval en amont, d’amont en aval, en large et en travers la foule imposante. Je m’arrêtai ici ou là, sensible aux slogans, banderoles et looks, l’oeil aux aguets à la recherche d’un angle de vue pour une photo symbolique tel ce logo coco LGBTI, faucille et marteau compris aperçu sur une commionette ou encore, ce sextuplet de drag queens revêtues de combinaisons et perruques aux couleurs du rainbow flag. D’asso en asso, pancartes et banderoles revendicatrices s’élevaient fièrement en quête de respect, de droits, de reconnaissance et de liberté dénonçant violence, haine, oppression stigmatisation.
Plus la foule s’étirait sur le macadam et plus le soleil gagnait la bataillle dans l’azur !
Les moteurs des motos rutilantes paradaient pétaradant précédées des cyclistes des Dérailleurs pédalant pour qu’un jour, peut-être, « Pédale ! » soit à jamais banni du vocabulaire des cours d’école, des milieux familiaux, des stades, des trottoirs,…
Arrivés place Graslin, un étendard arc-en-ciel géant tendu au fronton du théâtre nous attendait. L’occasion pour certains de se pauser quelques minutes sur les marches ou de sacrifier au rituel d’un selfie. Devant passa la banderole d’un groupe de lesbiennes avec le slogan  « Un jour sans lesbienne est comme un jour sans soleil. » ; une expression particulièrement adaptée à la météo de cet après-midi.
Encore une ou deux photos et déjà le défilé repart pour boucler la boucle et regagner le pied de la Tour de Bretagne.
Partis en vigilance orange, par notre nombre, nos diversités de genre et d’orientations sexuelles, nous venions de faire passer Nantes en vigilance arc-en-ciel. Et comme le montreront les jours suivants avec les dégradations et les tags haineux venus souiller le bel escalier arc-en-ciel, notre vigilance arc-en-ciel, ne devra malheureusement jamais faiblir. Alors, rendez-vous l’an prochain dans les rues de Nantes ?!

Téo

La Marche des Fiertés rennaise