Au matin de la Marche des Fiertés 2018 un escalier s’était éveillé à Nantes paré des atours de l’arc-en-ciel. Qu’il était beau ainsi irisé ; près à accueillir les pas des passants montant vers la tour de Bretagne. Aucunement sectaire, il acceptait tous le monde petits ou grands, LGBT ou pas… Un bel espace de fraternité au coeur de la cité. Malheureusemnt, et cela était prévisible, l’éclat de ses couleurs, tel le vol d’un papillon, ne dura qu’une journée… Juste le temps que des cerveaux dégénérés ne viennent le souiller de leurs coups de pinceaux LGBTophobes et des leurs tags débiles malabiles au vocabulaire haineux et limité…
Mais, on se l’était promis et la mairie nous l’avait assuré, l’escalier arc-en-ciel renaitrait un jour prochain encore plus beau avec ou sans pluie ni soleil dans les cieux.
C’est ainsi qu’un joli samedi après-midi de septembre, petits, grands, familles, amis, LGBT mais pas que, reprirent leurs pinceaux comme armes de bataille pour raviver les marches de l’escalier. Il y avait tellement de mains s’agitant dans cette armée de peintres que l’on ne distinguait même plus les marches se refaisant une beauté automnale. Puis, il y avait ces passants qui ne passaient plus mais s’arrêtaient un instant, pour glisser un mot d’encouragement, pour une photo ou un selfie. Qu’il était beau, qu’il était fier notre escalier ! Mais dans un coin de nos cerveaux je ne pouvais songer à l’éphémère… Combien de temps resterait il ainsi, intact ?…
LGBTophobes de tous pays, rassurez vous, cela ne dura guère plus de temps qu’au mois de juin….
A l’aube du lundi, j’avais décidé de détourner mon parcours pour aller le saluer, le photographier au soleil levant. Mais que t’est-il arrivé bel escalier ?! De longues trainées de peinture noire descendaient le long de ton flanc telle une marée noire, tel un rimmel grossier emporté par des larmes de tristesse… Témoins et acteurs malgré eux de cette lâche attaque nocturne LGBTophobe, deux pots de peinture abandonnés dégoulinant de noir visqueux trônaient tels des tankers échoués sur une côte de granit rose. Si pauvres sont les cerveaux qui ont manipulé les pinceaux gorgés de noir, qu’ils ne savent même pas qu’il n’y a pas d’anthracite sur la gamme de l’arc-en-ciel… Seul Soulages sait faire du noir une couleur lumineuse. Vous, vous êtes soulagés petitement de votre haine immonde en la déversant sous un flot informe d’acrylique au couleur de l’ébène… Si au moins vous aviez eu une once de sens artistique dans cette dégradation mais même pas… Vous en êtes bien incapables…
Depuis votre lâche expédition, le noir a disparu, nettoyé,… Des textes, des mots et des poèmes ont germé les jours suivants au pied de l’escalier dictés par des plumes indignées par votre acte de sagouins. Tel une scène d’accident ou de crime (la LGBTophobie est un crime) l’accès à l’escalier a été momentanément interdit, condamné par des barrières et des rubans blancs zébrés de rouge. Ne vous réjouissez pas trop vite car tel Sisyphe, nous nous remettrons bientôt en marche, nous repartirons en guerre et nous reformerons fièrement une armée de pinceaux pour remettre des couleurs à notre escalier après chacun de vos funestes passages car jamais (n’en déplaise à Mr Soulages) il n’y aura de noir sur la gamme de notre « escaliarc-en-ciel » !
Téo