Incendie de Notre Dame, une malédiction du Ciel ?

Quand j’ai entendu à la radio le journaliste parler de nuage de fumée et de hautes flammes enveloppant la flèche qui risquait de s’effondrer, j’ai eu très peur. J’ai pensé à Chartres, j’ai supplié le ciel pour que ce ne soit pas la Sainte Chapelle qui partait en fumée. La perte aurait été infiniment plus dévastatrice que l’incendie de Notre Dame pour l’histoire de l’art et de l’architecture : bien sûr, ce qui est perdu à jamais c’est cette forêt de chênes du  XIIIème siècle, déjà vieux et secs lorsque coupés puisque certains avaient connu l’époque de Charlemagne, parait-il. Le mal est fait ! C’est terrible, mais n’oublions pas que l’atteinte à Notre Dame datait déjà de deux siècles et que la cathédrale que nous connaissions la semaine dernière n’était déjà plus qu’un cadavre habillé par Viollet-le-Duc au XIXème : sa flèche est une réinterprétation néogothique d’une toute petite qui existait auparavant au même endroit. Son statuaire a été recomposé. Pire ! Sa galerie des rois, pris pour des rois de France en 93, a été précipitée sur le parvis alors qu’il s’agissait des rois de la Bible ! Perte irréparable quand on sait que ces statues polychromes avaient été intouchées un demi millénaire durant ! J’ai pensé aux vitraux, à la grande rose nord offerte par Blanche de Castille, mère de Saint Louis, aux grandes orgues, à la statue de la vierge, du transept sud qui vit se convertir Claudel, à celle du Voeux de Louis XIII par Coysevox, toutes, parait-il, heureusement préservées par le sort.
Un miracle ? Presque !
Le miracle tient aussi de la qualité de nos compagnons maçons
du gothique débutant qui, d’instinct, ont élevé des voutes incroyablement résistantes pour supporter l’effondrement des combles en flamme. L’incendie de Chartres au XIXème avait épargné l’intérieur de l’édifice parce que les voutes avaient résisté, sauvant 1700 m² de vitraux uniques au monde. A Paris, si certaines ont pu céder lors de la chute de la flèche, la plupart ont tenu sauvant l’édifice d’une catastrophe irrémédiable.
Mais, devant cette tragédie, nous sommes nous posé les vraies questions ?
Au Moyen Âge,
les incendies des villes ou des monuments religieux étaient considérés comme des malédictions du ciel. «Pourquoi le Seigneur nous envoie-t-il une telle punition, qu’avons-nous fait de mal ?» disait le peuple. D’autant qu’on retrouvait souvent, dans les ruines fumantes, des objets miraculeusement préservés des flammes, comme le voile de la Vierge, à Chartres après l’incendie de 1194. Voilà deux jours, à Paris, la couronne d’épines du Christ, miraculée de l’époque révolutionnaire, a pu être préservée une fois encore ! Y-a-t-il quelque chose à comprendre ? Faut-il considérer l’incendie de Notre Dame de Paris comme l’événement choc nous poussant à nous poser la question de notre rapport avec le Ciel et de notre place dans un monde errant, chahuté et un peu fou ayant perdu boussole ?
Que faisons nous
pour le rendre plus juste et meilleur, ce monde ?
C’est peut-être l’occasion de se poser la
question !

B.