Cette année 2021 le noël de l’ouest était organisé par nos amis du Finistère  Ce groupe comprend une vingtaine de membres dont 3 femmes, éparpillés sur le département et la ville de Brest et n’ayant pas de centre LGBT, l’habitude avait été prise de se retrouver les uns chez les autres mais avec le nombre croissant d’adhérent.es cette solution avait ses limites.  Alors des sorties avec des moments de recueillement furent organisées jusqu’ au moment ou un de ses membres tenant un restaurant, les réunions y ont lieu désormais. Ce problème est rencontré par de nombreux groupes en province lorsque tous les membres ne résident pas dans la ville principale, les logements n’étant pas toujours extensibles.

Le lieu de fête était fixé à Elliant ou Elant selon que vous soyez bretonnant ou non. La salle de réunion était magnifiquement décorée et je fus tout de suite attirée par un panneau orné de photos et de messages des déjistes du Finistère en hommage à leur doyen décédé pendant la période du COVID. La teneur de ses messages me frappa au point de demander un résumé en quelques phrases de la vie de cet homme ; impossible tant le souvenir était encore fort, tous me dirent que pratiquement chaque jour ils pensaient encore à Jacques qui a connu les débuts de David et Jonathan en 1972. Sa vie que bien peu connaissent que n’est effectivement pas commune aussi je préfère laisser le soin d’en faire un résumé au groupe du Finistère ; nous devons garder précieusement ces témoignages, le temps passe et efface tout.
Et notre noël, alors ? Eh bien du nord au sud et de l’est, nous nous sommes mis en chemin qui par le train, qui en voiture, une bonne quarantaine bien résolue à passer ce moment festif ensemble et remercier ainsi le groupe qui nous accueillait malgré la peur de tous que tout soit annulé une fois de plus en raison du Covid. 

Nos amis avait fait les choses en grand : décorations, sapin, masques, illuminations, distribution des chambres, équipe de cuisine et de mise en place des tables, musiques, poésie, chants, danses et temps spirituel, l’organisation se déroula harmonieusement au  grand soulagement des organisateurs dont certains pour avoir travaillé jusqu’ au bout étaient bien fatigues , un grand merci à eux !
Nous avons bien mangé et bien bu répartis quatre par quatre à de grandes tables pour éviter de se contaminer et nous avons repris contact avec les uns et les autres, cela faisait si longtemps que nous attendions ce moment-là, nous retrouver enfin ! Que de discussions, entre nous et de « comment vas-tu ? « Que deviens tu ? ».
Nous veillames à ce que les nouveaux ne se sentent pas isolés, et que les nouvelles partagées soient bonnes et mauvaises, nous étions dans le partage et la chaleur des retrouvailles.

Nous avons donné et reçu des cadeaux, écouté les chanteurs, et chanté nous-mêmes tous ensemble de bon cœur malgré les fausses notes ! Nous avons même entendu deux indiens (du nord de l’Inde près du Népal) qui ne boudaient pas leur plaisir.
Nous avons bien ri des pitreries de nos amis de Rennes. (Qui penserait que des responsables aussi sérieux pouvaient ainsi faire les clowns pour notre plus grande joie ?)
Enfin nous avons dansé, notre ami Piero menait le bal et il fallait le suivre, infatigable le jeune retraité !

Le lendemain, le temps spirituel nous attendait.  La bougie dans la lanterne fut allumée, nous nous sommes regroupés autour d’un sapin orné de nos petits cœurs en papier blanc recouvert de nos écrits, nous avons écouté et chanté « ubi et caritas  » repris de nombreuses fois à la guitare par Étienne, pensé aux absents et disparus. Puis, nous nous sommes levés pour réciter le Notre Père en faisant cercle en nous tenant par la main en mémoire du geste des fondateurs de notre mouvement le 28 janvier 1972 ; moment rappelé par Jacques Cougneau (membre du groupe de Vendée) pour proclamer leur attachement à leur religion et à leur Église tout en assumant à la face de tous leur homosexualité. Un petit groupe mais un geste inouï, réclamer sa place comme tout enfant de Dieu a le droit et le faire à la face de tous. Il fallait oser, ils l’ont fait !

Nous sommes repartis petit à petit selon les distances à parcourir pour rentrer chacun chez soi en gardant dans notre cœur notre Noël de l’ouest que nous avions tant voulu et attendu.

Et comme nous a dit Étienne, pour beaucoup d’entre nous c’était notre vrai Noël :  Notre Noël de l’Ouest !

Annette