Yves réagit par la lettre ci-dessous à l’article d’un prêtre paru dans une revue paroissiale :

    Bonjour Père,

    Je suis un de vos fidèles lecteurs des « Eclats d’espérance », paroissien de l’église St Bernard (la Trinité de l’Eraudière, à Nantes) et je vous remercie de vos envois hebdomadaires toujours remplis d’infos positives. Je voudrais toutefois vous signaler ma surprise, pour ne pas dire ma tristesse, en lisant ces lignes de votre dernière intervention sur les 50 ans de votre ministère : « Voulez-vous voyager avec moi ? »
« … Mais revenons à Nantes, et en y arrivant, une église ne passe pas inaperçue, les Nantais l’appellent « l’église rouge », en fait elle n’est que rose, et me voilà curé de Sainte Thérèse. Là encore que de moments forts, j’en évoque deux dont j’aimerais que vous fassiez mémoire avec moi : c’est l’accueil des sans-papiers, geste humain, geste chrétien, geste prophétique. Et puis des rencontres pour ceux que l’on a appelés « les blessés de la vie, les blessés de l’amour » : personnes séparées, divorcées, divorcées remariées, demandeurs d’emploi, couples sans enfant, couples qui ne partagent pas les mêmes convictions religieuses, célibataires, parents ou grands-parents dont les enfants ou petits-enfants se sont apparemment éloignés de la foi et de l’Eglise. (c’est moi qui souligne).
Encore une fois nous (personnes homosexuelles ou parents d’enfants homosexuels), nous sommes invisibles ou faut-il nous deviner sous les appellations de « couples sans enfant », de « célibataires » ou de « parents dont les enfants se sont apparemment éloignés de la foi de l’Eglise » ?
Je me dis que soit aucun de vos paroissiens, concernés de près ou de loin par l’homosexualité, ne s’est confié à vous, soit vous avez occulté ces rencontres de votre mémoire, soit vous n’avez pas osé en parler publiquement de peur de choquer ou de vous attirer des reproches. Sachez toutefois que beaucoup de parents ou de chrétiens homosexuels seraient heureux d’entendre un prêtre leur dire que « ces personnes là » sont aussi des « blessés de l’amour », parce que rejetés, dénigrés, mal aimés, et ceci jusque dans nos assemblées dominicales.
Et pourtant je peux témoigner que là où je vis, et certainement ailleurs, il y a des parents et des personnes homosexuelles qui, malgré tout, malgré la douleur des « manifs pour tous », malgré une certaine suspicion à leur égard, restent dans l’Eglise et participent activement à la vie paroissiale, souvent avec le soutien de leur curé et d’autres laïcs.
Alors pourquoi avoir peur ? Osons dire qu’il existe dans nos communautés des parents concernés par l’homosexualité d’un proche. Osons prier (comme je l’ai entendu dans ma paroisse, lors du dimanche de la Sainte Famille) pour tous ceux et celles qui ne peuvent fonder une famille ou qui vivent leur amour différemment.

Avec toute mon amitié et mon admiration pour votre vie donnée à vos frères et vos sœurs dans la foi.

Yves